Statistiques des décès : mise en perspective
Par Michel Janva Source : lesalonbeige.fr
L’INSEE a publié le 17 avril une étude très intéressante, intitulée « Nombre de décès quotidiens par département »
L’INSEE marche sur des œufs car le pic de mortalité de mars et avril 2020 est atténué par une mortalité basse depuis la fin 2019. La communication tend au travers des graphes à montrer qu’il s’agit d’un épisode d’une extrême gravité, alors que certains des commentaires tempèrent timidement cette vision. Qu’en est-il vraiment ? Car une vision à plus long terme donne une vue très différente de la situation.
Un premier graphique montre le pic de mortalité en mars 2020 en comparaison avec 2018 et 2019.
Sur ce graphique, 5 points attirent l’attention
- Le pic de mortalité parait énorme
- Les courbes démarrent au 1er mars, les mois précédents ne sont pas visibles
- L’échelle à 1000 morts permet un effet de zoom pour grossir le pic
- La courbe jaune (2020) démarre bien en dessous des courbes 2018 et 2019
- La courbe jaune amorce une baisse bien visible, mais l’INSEE précise que les données sont « à interpréter avec précaution en attendant les mises à jour ».
Le même graphique commençant le 1er janvier 2020, avec une échelle partant de zéro montre une situation un peu différente :
- Certes il y a un pic de mortalité
- Mais la mortalité est depuis le début de l’année 2020 inférieure à celle de 2018 et 2019. L’épidémie de COVID aurait ainsi effectué une sorte de rattrapage, étant donné qu’il touche mortellement les personnes âgées essentiellement.
Il serait alors intéressant de comparer avec des années plus anciennes, en prenant une année de plus par exemple avec l’hiver 2016-2017 qui montre un pic qui va de Noël 2016 à mi-février 2017. La mise en perspective de ces informations relativise nettement l’épisode 2020.
Source : données INSEE brutes
D’ailleurs, les spécialistes de la grippe suivent ces pics et savent qu’ils sont de taille et de forme variable d’une année à l’autre (figure 9 extraite du bulletin hebdomadaire grippe du 18/03/2020 semaine 11 publié par Santé publique France).
Vous remarquez que la courbe avec des points par semaine est plus « lisse », le maximum moyenné sur 7 jours est donc plus bas que sur la courbe par jour. Cette courbe est aussi avec une échelle qui commence à 7000 morts par semaine pour faire un zoom sur les pics. Attention, aussi, le petit pic en 2020 semaine 5 correspond à la pathologie hivernale avant le pic Covid-19 qui n’est pas encore visible.
Qu’en est-il du cumul ?
Là encore, l’INSEE nous montre un décollage qui inquiète :
Et l’observation en cumul depuis le 1er janvier 2020 nous amène à une autre analyse (ci-dessous graphe à partir du 1er mars), à savoir que le nombre de morts tous motifs confondus depuis le début de l’année est faible jusqu’à fin mars (voir article du 16 avril 2020), et remonte en avril pour légèrement dépasser le niveau de 2018 (183 841 vs 182 952 morts). L’analyste de l’INSEE mentionne d’ailleurs cette réalité dans son commentaire.
Un cumul au 1er décembre, pour englober la période hivernale renforcerait ce point, car le nombre de morts en décembre 2019 était inférieur à celui de décembre 2018.
Chacun pourra en tirer ses conclusions.
Il y a quand même une poussée visible de mortalité en mars-avril. Mais il faudrait se demander la part qui en revient au covid-19 et la part qui en revient au confinement et au grippage des services de soins d’urgence pour affections autres que le covid-19.
Bien vu!
Bonjour,
Merci pour cette analyse intéressante. Une autre métrique intéressante également est le taux de mortalité.
En effet, vu que la population française évolue d’une année à l’autre le nombre de décès peut également évoluer de façon « non-organique ».
Merci pour ces analyses, j’attends aussi les statistiques de l’INSEE pour les morts du covid 19 et voir la répartition entre covid et non covid aux cours des 4 premiers mois.