Faut-il avoir peur de l’application STOP Covid ? La Fondation Rockefeller est de la partie…
Par Michèle Marie / source : medias-presse.info
Le gouvernement s’est voulu rassurant, a insisté sur le caractère facultatif de l’application et sur l’anonymat des données collectées. Le Premier ministre affirmait dans son dernier message télévisé : “Stop Covid ne vous géolocalisera jamais”. Mais quel pourrait bien être l’intérêt de ces données anonymisées, hormis d’inciter les Français à se faire tester, pour alimenter la “base centralisée de données” évoquée par Edouard Philippe ? Le questionnement est permis. Même plus que permis, il est nécessaire.
Premier motif de préoccupation: la collecte de données comme fin en soi
Dans une allocution du 28 avril, Edouard Philippe disait déjà :
“La doctrine voulait qu’une fois l’épidémie passée en phase 3, on ne teste plus que les malades hospitalisés pour suspicion de Covid-19. Les temps ont changé, la doctrine de l’OMS aussi. À la sortie du confinement, nous serons en capacité de massifier nos tests. Nous nous sommes fixés l’objectif de réaliser au moins 700 000 tests virologiques par semaine au 11 mai.”
Mais en bonne logique, si la doctrine avait pu être changée dans le sens d’une intensification du dépistage entre mars et avril, qu’est-ce qui empêchait de la modifier de nouveau en fin d’épidémie pour abandonner un traçage de contacts que plus rien ne justifiait d’un point de vue médical ?
Or tout au contraire, le 4 mai en pleine décrue, le Premier Ministre avait à nouveau insisté sur l’impératif de traçage lors de la présentation de sa stratégie nationale de déconfinement au Sénat:
“Les tests virologiques seront le fer de lance de notre stratégie de dépistage. Nous voulons, nous devons, tester tous ceux qui présenteront des symptômes similaires à ceux du Covid- 19 et leurs contacts, qu’ils soient symptomatiques ou non.
À chaque cas nouveau correspondra en moyenne le test d’au moins 20 à 25 personnes l’ayant croisé dans les jours précédents. Nous nous sommes donc fixé l’objectif de réaliser au moins 700 000 tests virologiques par semaine, à partir du 11 mai”.
Deuxième motif de préoccupation : le secret des données
Si l’application StopCovid est en effet facultative, sa mise en œuvre laisse néanmoins subsister quelques zones d’ombre relatives au secret des données collectées.
Le site du ministère indique qu’à partir du 2 juin il sera possible de télécharger et d’installer l’application StopCovid :
“Si vous avez téléchargé l’application sur votre téléphone, vous êtes informé lorsque vous avez été en contact rapproché (à moins d’1 mètre de distance pendant au moins 15 minutes) avec une personne (par exemple dans les transports en commun ou dans un commerce), qui vient d’être testée positive et qui est aussi utilisatrice de l’application”.
Toutes les données échangées seront pseudonymisées, avait en outre affirmé le Premier ministre dans son allocution télévisée aux Français du 28 mai.
Un groupe citoyen appelé Quadrature du Net a tweeté quelques objections mardi dernier, après avoir décelé la présence d’un “mouchard de Google” dans le code généré par l’application pour usage par la personne diagnostiquée positive.
“Comme on le craignait hier en lisant l’avis de la CNIL, il semble que #StopCovid intègre bien un mouchard de Google (recaptcha), visible en suivant ce lien :https://t.co/QZc6v6Fih5?amp=1
Si ce mouchard reste dans l’appli finale, @cedric_o aura été bien malhonnête à nous parler de “souveraineté numérique”.”
La CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) avait insisté pour qu’il ne soit pas possible d’établir de lien entre les identifiants cryptés éphémères et l’identité des utilisateurs de l’application, pour toute information transmise à la plate-forme gouvernementale.
L’on se souviendra dans ce contexte de la controverse qui avait opposé Cedric O, Secrétaire d’État chargé du Numérique, et les deux géants du tech, Apple et Google, qui voulaient que toutes les données émises et reçues au moyen de l’application de traçage numérique soient conservées uniquement sur les téléphones mobiles de leurs clients, sans référentiels de données ni outils centralisés et ce, pour des motifs de confidentialité. La France avait estimé que cela empêcherait l’analyse, par le gouvernement, des points chauds et des taux d’infection et elle voulait que les données sous forme anonymisée soient envoyées des mobiles vers une plateforme centrale gérée par elle. Comme le rapportait Bloomberg le 20 avril dernier, Cédric O s’était heurté au refus d’Apple d’“éliminer un obstacle technique” lié au fonctionnement de Bluetooth qui, disait-il, “freinait la mise en œuvre du type d’application que le gouvernement projetait”.
Le débat sur la protection de la vie privée avait éveillé des craintes que le type d’applications développées et déployées par les gouvernements ne deviennent une forme de surveillance. Il y avait eu des protestations, qui avaient encore durci l’attitude d’Apple et de Google en matière de protection des données.
La semaine dernière, Apple a lancé sa mise à jour iOS 13.5, qui comprend une nouvelle fonction de notification d’exposition au Covid.
Le site gouvernemental français indique que son application SopCovid fonctionnera indépendamment de l’application d’Apple. Mais il faudra voir à l’usage comment elle s’imbriquera avec cette nouvelle mise à jour IOS 13.5.
En attendant, il est plus prudent de ne pas la télécharger et de veiller, dans les réglages de l’appareil, à ne pas permettre les mises à jour automatiques ou “push”. Surtout pour les mobiles de type Androïd, pour lesquels un retour d’expérience préliminaire a indiqué que des mises à jour auraient été automatiquement lancées par Google.
Le troisième motif de préoccupation: l’atteinte possible au secret médical
Selon les propos du Premier ministre et sur la base des informations publiées sur le site du gouvernement, lors de l’exploitation des données des personnes infectées, des personnes non habilitées pourraient être informées du statut viral des patients. Il s’agit certes d’un risque concernant surtout les données non anonymisées récoltées par le dispositif d’enquêtes sanitaires manuelles, mais l’application StopCovid risque d’élargir ce risque à de nouvelles données si l’anonymisation ne s’avère pas d’une étanchéité à toute épreuve.
Dans son allocution du 28 avril, Edouard Philippe annonçait la constitution de “brigades chargées de remonter la liste des cas contacts, de les inviter à se faire tester”. Ellesauraient “accès à des données médicalisées”, quoique constituées de “personnels qui ne seront pas tous médecins”.
Le site de data.gouv.fr, plateforme ouverte des données publiques françaises de l’Agence nationale de Santé publique, établissement sous tutelle du Ministère de la Santé, nous apprend que les données recueillies incluront “le résultat biologique, l’âge, le sexe et le département du patient ou du laboratoire préleveur”.
Le site gouvernemental dédié au dépistage du coronavirus indique que les seuls tests fiables et recommandés pour le dépistage sont “les tests virologiques (RT-PCR)” qui se font grâce à un “prélèvement par voie nasale”, mais sans nous renseigner davantage sur ce prélèvement.
L’AIEA, l’agence onusienne experte dans le domaine des applications médicales du nucléaire, explique plus en détail sur sa page que le test PCR consiste à prélever un échantillon du matériel génétique d’une personne et à “en extraire l’ARN qu’il contient”. L’ARN ainsi extrait “contient à la fois le matériel génétique de la personne et l’ARN du virus, si virus il y a”. L’ARN est alors converti en ADN, par voie de transcription inverse, pour pouvoir y rechercher ensuite les traces du virus qui sera mêlé au matériel génétique du patient, s’il est infecté en ce moment-là.
Toute personne qui se fait tester doit donc s’attendre à ce que ses données ADN soient accessibles à un personnel non médical. Et les personnes qui auront téléchargé l’application StopCovid, et qui ne sont peut-être pas à l’abri de dérapages dans l’anonymisation de leurs données, feront face au même risque.
Quatrième préoccupation: le timing de cette application StopCovid
Il est en effet légitime de se poser des questions sur l’utilité réelle d’un outil électronique qui est introduit en fin d’épidémie.
Servira-t-il pour de futures épidémies? L’“éphémère” est-il en train de s’installer dans la durée, de se normaliser ? L’on semble là toucher au coeur du problème.
“Les interventions d’urgence sont rarement aussi éphémères que l’urgence qui les déclenche “, a déclaré Albert Fox Cahn, directeur exécutif du projet de surveillance technologique aux Etas-Unis. “La menace de Covid-19 ne va pas s’en aller comme elle était venue”.
Tout d’abord, il faut savoir que l’idée d’un “traçage de contacts” n’est pas nouvelle ni, surtout française: le terme a été inventé dès 1931.
Un coup d’oeil lancé Outre-Atlantique pour voir ce qui s’y trame permet de se faire une idée plus claire des enjeux.
L’étude de deux documents de la Fondation Rockefeller, l’un du 21 avril 2020, l’autre de 2010 et donc pré-existant à la “pandémie”, sont édifiants à cet égard.
L’étude de 2010 présentait quatre scénarios de réactions possibles à une pandémie ou à tout autre événement catastrophique. L’un de ces scénarios, décrit à la page 18 et suivantes, est le “Lock Step Narrative” ou réponse coordonnée de type autoritaire. Il ressemble à s’y méprendre au verrouillage auquel se sont prêtés la plupart des Etats cette année, de plus ou moins bonne grâce et plus ou moins en même temps, mettant la moitié de la planète en résidence forcée.
Plus récemment , le 21 avril 2020, la Fondation Rockefeller publiait une autre étude intitulée “Plan d’action national de dépistage du Covid-19 – Mesures pragmatiques pour rouvrir nos lieux de travail et nos communautés”. Sa synthèse est consultable ici .
Il s’agit en fait d’un guide stratégique pour la création d’une colossale base de données ADN. Le Plan prévoit que les informations personnelles sur l’état de santé et les activités des gens resteront confidentielles “autant que faire se peut”. Elles seront cependant toutes centralisées dans une plate-forme numérique cogérée par l’État fédéral et par des sociétés privées.
Le document du 21 avril 2020 admet même avec une certaine franchise que “la Fondation Rockefeller existe pour des moments comme celui-ci”.
On pense ici à ID2020, alliance de partenaires publics-privés et utilisant la vaccination généralisée comme plateforme pour l’identification numérique, alliance comprenant la Fondation Rockefeller, Microsoft, GAVI (Global Alliance for Vaccines and Immunization), Accenture, Ideo et des agences onusiennes. ID2020 a été intégré aux objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 de l’ONU, et devrait être parachevé à l’horizon 2030.
Le plan Rockefeller demande que tous les Américains soient testés et tracés: à raison d’un million par semaine pour commencer, puis trois et enfin 30 millions (le “plan 1-3-30”). L’objectif final, à atteindre dans le courant d’une année, est de soumettre à des tests Covid-19 pas moins de 30 millions de personnes par jour et ce, jusqu’à ce que chaque Américain ait été incorporé à la mégabase de données. Apple et Google sont associées à cet effort en intégrant un logiciel de traçage utilisant la technologie Bluetooth à leurs téléphones portables (l’API). Facebook également. (p.26).
Mais il ne s’agit pas uniquement de mesures sanitaires. Le Plan, auquel ont contribué certaines des plus prestigieuses universités (Harvard, Yale, John Hopkins et autres), préfigure un véritable modèle social hiérarchisé et militarisé. Au sommet : le “Conseil de contrôle de la pandémie, analogue au Conseil de guerre que les États-Unis créèrent à la Seconde guerre mondiale”.
Le “Conseil de contrôle de la pandémie” est aussi autorisé à créer un “Corps de réponse à la pandémie” : une force spéciale avec un personnel de 100-300 mille membres, recrutés parmi les volontaires des “Peace Corps” et des “Americorps” (officiellement créés pour “aider les pays en voie de développement”) et parmi les militaires de la Garde Nationale.
Tel est en essence le plan que la Fondation Rockefeller se propose de mettre en oeuvre aux Etats-Unis et ailleurs, au nom du “contrôle du Covid-19”, dont le taux de mortalité est celui de la grippe saisonnière.
Il est évident que pareille structure n’est pas une chose que l’on met en place pour aussitôt la démanteler. Bien plutôt un projet de société qui s’inscrit dans la durée. Or quoi de mieux qu’une pandémie déclarée, avec ses possibles 2ème ou 3ème vagues, pour déployer sur l’ensemble de la planète un “Nouvel Ordre Mondial” ?
On a pu constater avec quelle rapidité un appareil de guerre s’est simultanément mis en place ailleurs, y compris en France, avec drones sillonnant le ciel de certaines villes, équipes médicales et forces spéciales, conseils de ceci ou de cela…Le plus effarant, c’est la facilité avec laquelle les populations se sont pliées à leur soudaine privation de liberté et à la nouvelle normalité incarnée par un état de surveillance orwellien.
Il est des réflexes qui ne se perdront plus.
Comment ne pas se rappeler le mot de George Soros, un autre milliardaire “philanthrope”, lors d’une interview donnée le 11 mai dernier à une revue allemande? Il voyait dans le Covid-19 “la crise de sa vie entière“, celle qu’il avait pressentie dès avant sa survenance et qui rendait possible l’inconcevable: la refonte globale de notre modèle de société.
Michèle Marie
Il n’y a pas que Sörös qui rêvait d’une « bonne épidémie » pour refondre les sociétés; Jacques Attali naguère a exprimé le même vœu. (Mon correcteur d’orthographe me suggère avec un certain humour « Jacques Attila ».)
Petite correction au passage: le nom de la prestigieuse université de Baltimore est Johns Hopkins et non « John Hopkins ».