Le Colonel et sénateur américain Richard Black : « En Syrie nous avons toujours travaillé avec les terroristes. »
Source : afrique-asie.fr – 26 mai 2022 – Mike Bullington
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Mike Billington, de l’Executive Intelligence Review, interviewe le colonel américain à la retraite Richard Black. Grand connaisseur de la politique de son pays à l’égard de la Syrie, il fait des révélations compromettantes. Le fait qu’un petit pays de 23 millions d’habitants comme la Syrie résiste pendant plus d’une décennie, d’une façon admirable et inattendue, face aux deux tiers de toute la force militaire et industrielle du monde était, dit-il « frustrant ». Et « c’est pour cela que nous avons décidé que nous devions agir ou nous allions perdre totalement la Syrie. C’est ainsi que le Congrès américain a imposé les sanctions César. Les sanctions César ont été les sanctions les plus brutales jamais imposées à une nation. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les sanctions (contre l’Allemagne nazie) n’étaient pas aussi strictes qu’elles le sont aujourd’hui contre la Syrie. »
Le colonel Richard Black était interviewé par visioconférence par Mike BILLINGTON dans le cadre de la conférence de l’Institut Schiller du 8 mai 2021 https://www.institutschiller.org/L-ef….
VIDEO (Extraits): https://www.youtube.com/watch?v=-HyHh-_rD5c&t=16s
Mike BILLINGTON : Bonjour. Je suis ici aujourd’hui avec le colonel Richard Black, le sénateur Richard Black, qui, après avoir servi 31 ans dans les Marines et dans l’armée, a ensuite été élu à la Chambre des délégués de Virginie de 1998 à 2006 et au Sénat de Virginie de 2012 à 2020. Je vais aussi permettre au colonel Black de décrire lui-même son passage dans l’armée.
La guerre de substitution des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’OTAN contre la Russie qui se déroule en Ukraine, et la guerre économique menée directement contre la Russie, s’accompagne d’une guerre de l’information destinée à diaboliser la Russie et en particulier le président Poutine. Un thème récurrent serait que l’armée russe mène des campagnes impitoyables de meurtres contre des civils et de destruction de zones résidentielles, faisant souvent référence aux opérations militaires russes en Syrie, affirmant qu’elles avaient fait la même chose en Syrie, en particulier contre Alep. Ce sont soi-disant des exemples de leurs crimes de guerre et de leurs crimes contre l’humanité. Vous avez été un porte-parole international de premier plan pendant de nombreuses années, dénoncant les mensonges sur ce qui s’est passé en Syrie. Alors tout d’abord, permettez-moi de vous demander : comment et pourquoi la Russie s’est-elle impliquée militairement en Syrie ? Et en quoi cela contraste-t-il avec la justification des États-Unis et de l’OTAN pour leur intervention militaire en Syrie ?
Richard BLACK : Permettez-moi de commencer en disant à nos auditeurs que je suis très patriotique : je me suis porté volontaire pour rejoindre les Marines et je me suis porté volontaire pour aller au Vietnam. J’ai combattu dans la campagne la plus sanglante de toute la guerre. J’étais pilote d’hélicoptère et ai effectué 269 missions de combat. Mon appareil a été touché par des tirs au sol lors de quatre missions. J’ai ensuite combattu sur le terrain avec la Première Division des Marines, et au cours de l’une des 70 patrouilles de combat que j’ai effectuées, mon radio a été tué et j’ai été blessé alors que nous attaquions et essayions de sauver un avant-poste des Marines encerclé.Je suis donc très pro-américain. En fait, je faisais partie de l’OTAN et j’étais prêt à mourir en Allemagne, pour nous défendre contre une attaque de l’Union soviétique.Mais la Russie n’est pas du tout l’Union soviétique. Les gens ne comprennent pas cela parce que les médias ne l’ont pas dit clairement. La Russie n’est pas un État communiste ; l’Union soviétique était un État communiste.
Concernant la Syrie : j’ai été dans la ville d’Alep. La ville d’Alep etait la plus grande ville de Syrie avant le début de la guerre. Il y a eu une bataille énorme. Certains l’appellent le « Stalingrad de la guerre syrienne », ce qui n’est pas une mauvaise comparaison. Ce fut une bataille terriblement amère qui s’est poursuivie de 2012 à 2016. Au cours de combats urbains, toutes les forces qui combattent sont forcées de détruire des bâtiments. Et ils sont détruits à grande échelle. Cela se produit chaque fois que vous avez un combat urbain. J’ai donc marché dans les rues d’Alep, alors que les combats étaient encore en cours. J’ai regardé de l’autre côté, à travers une fente dans les sacs de sable, vers le territoire contrôlé par l’ennemi ; Je me suis tenu sur des chars qui ont explosé, ce genre de choses.
Ce que je sais, et que je puis vous dire à propos d’Alep, c’est que la Russie était extrêmement réticente à s’impliquer dans les combats en Syrie. La guerre a commencé en 2011, lorsque les États-Unis ont débarqué des agents du renseignement central pour commencer à se coordonner avec Al-Qaïda et d’autres groupes terroristes. Nous étions des partisans inébranlables d’Al-Qaïda, avant le début officiel de la guerre. Nous sommes toujours des partisans d’Al-Qaïda aujourd’hui, où ils sont bloqués dans la province d’Idlib. La CIA les a équipés dans le cadre de l’opération secrète Timber Sycamore. Nous leur avons donné toutes leurs armes antichars, tous leurs missiles antiaériens. Et Al-Qaïda a toujours été notre force par procuration sur le terrain. Avec l’Etat islamique, ils ont mené à bien les missions demandées par les États-Unis. Vous avez les soldats de l’Armée syrienne libre qui passent de l’EI à Al-Qaïda en passant par l’Armée syrienne libre, de manière assez fluide. Nous avons commencé cette guerre. Mais les États-Unis ont une politique stratégique consistant à utiliser des mandataires pour s’engager. Notre objectif était de renverser le gouvernement légitime de la Syrie, et pour ce faire, nous avons employé des soldats par procuration qui étaient les plus vils de tous les terroristes. Quelque chose de très similaire à se qui se passe en ce moment en Ukraine. Mais pour en revenir à Alep, l’armée syrienne, avec le Hezbollah, a été très efficace. Il y avait aussi des troupes organisées par l’Iran, mais c’était principalement une résistance syrienne, dirigé par des généraux syriens. Ils ont mené ce combat urbain acharné, très brutal, très meurtrier. Ils ont combattu pendant quatre ans, avant que la Russie ne se joigne à la bataille. Ainsi, durant quatre ans, la ville d’Alep a subi d’énormes destructions. Et à ce moment-là, les Russes, à l’invitation du gouvernement légitime de la Syrie, sont entrés en guerre. Mais contrairement à beaucoup de reportages dans les médias, ils ne sont pas entrés en guerre en tant que force terrestre. Ils avaient de la police militaire, quelques unités d’artillerie, quelques personnels des opérations spéciales, ainsi qu’un certain nombre de conseillers. Mais il n’y avait pas de forces terrestres russes significatives. Par contre, ils avaient une force aérienne importante et très efficace, qui complétait l’armée de l’air syrienne. Ce n’est que durant la dernière année de la guerre, que les russes sont intervenus et que leur puissance aérienne s’est montrée très efficace. A ce moment-là, les Syriens avaient déja bien usé les forces terroristes. L’aide russe a pu faire pencher la balance, et Alep a été la grande victoire de toute la guerre syrienne. Mais blâmer les Russes pour la destruction massive qui a eu lieu à Alep, c’est bizarre : parce qu’ils n’étaient pas présents quand cela s’est produit. Ceci est simplement un récit de propagande, qui a été très efficace en l’Occident, diabolisant la Russie et apportant des affirmations qui n’ont aucune substance. Mais les gens ne se souviennent pas de ces choses. Donc, non : la Russie n’était en aucun cas responsable de la destruction massive de la ville d’Alep.
EN SYRIE, LES USA MÈNENT UNE GUERRE D’AGRESSION
Mike BILLINGTON : Comment compareriez-vous les méthodes de guerre suivies par la Russie, par rapport aux forces américaines et alliées en Syrie ?
Richard BLACK : Tout d’abord, l’implication américaine, la guerre des États-Unis contre la Syrie, est une guerre d’agression. Nous avons mis en place un centre d’activités spéciales de la CIA. Ce sont un peu les James Bond de la CIA, totalement machiavéliques ; ils feront n’importe quoi, il n’y a pas de retenue, d’interdits avec ces gars-là. Nous les avons envoyés dans ce pays et nous avons commencé la guerre en Syrie. La guerre n’existait pas jusqu’à ce que nous envoyions la CIA se coordonner avec les éléments d’Al-Qaïda. Nous avons donc commencé la guerre et nous n’avons pas été invités en Syrie. Les États-Unis se sont emparés de deux parties importantes de la Syrie. L’une, l’Euphrate, représente environ un tiers de la partie nord de la Syrie. Nous avons mis des troupes sur le terrain, illégalement – contre tout droit international de la guerre – c’était juste une saisie. Et c’est quelque chose qui a été mentionné par John Kerry, qui était alors secrétaire d’État, qui était frustré de la formidable victoire des forces armées syriennes contre Al-Qaïda et ISIS. Il a dit : « nous devons probablement passer au plan B ». Il n’a pas annoncé ce qu’était le plan B, mais il s’est déroulé au fil du temps : le plan B était la saisie américaine de cette partie nord de la Syrie. Cette partie de la Syrie est le grenier à blé pour tout le peuple syrien. Avant la guerre, la Syrie avait un excédent de blé important et les gens étaient très bien nourris. Nous voulions enlever le blé, provoquer la famine parmi le peuple syrien.
L’autre chose que nous avons pu faire, c’est de saisir la majeure partie des champs de pétrole et de gaz naturel. Ceux-ci ont également été produits dans cette partie nord-est au-delà de l’Euphrate. Et l’idée était qu’en volant le pétrole puis le gaz, nous serions en mesure de fermer le système de transport, et en même temps, pendant les hivers syriens, nous pourrions geler à mort la population civile syrienne, qui dans de nombreux cas vivait dans les décombres, où ces armées terroristes, avec des divisions mécanisées avaient attaqué et tout simplement détruit totalement ces villes. Et cela a laissé les gens vivre dans de petites poches de décombres.Nous voulions faire mourir de faim et nous voulions geler à mort le peuple syrien, et c’était le plan B.
LA RÉSILIENCE DE LA SYRIE A FRUSTRÉ LES ÉTATS-UNIS
Maintenant, nous sommes devenus frustrés à un moment donné que d’une manière ou d’une autre ces Syriens, ces satanés Syriens – un petit pays minuscule -, et pourquoi ces gens sont-ils résilients ? Ils se battent contre les deux tiers de toute la force militaire et industrielle du monde. Comment une nation de 23 millions d’habitants peut-elle résister à cela pendant plus d’une décennie ? Et donc nous avons décidé que nous devions agir sinon nous allions perdre totalement la Syrie. C’est ainsi que le Congrès américain a imposé les sanctions César. Les sanctions César ont été les sanctions les plus brutales jamais imposées à une nation. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les sanctions (contre l’Allemagne nazie) n’étaient pas aussi barbares qu’elles le sont aujourd’hui contre la Syrie.Nous n’étions pas en guerre avec la Syrie ! Et pourtant, nous avions imposé un blocus naval contre le pays. Nous avons dévalué leur monnaie via le système SWIFT pour les paiements internationaux, ce qui les a empêchés d’acheter des médicaments. Il y avait donc des femmes syriennes qui contractaient un cancer du sein, et qui en mouraient faute de médicaments. Dans ce pays où le cancer du sein est devenu relativement traitable, nous avons coupé les fournitures médicales pour que les femmes en Syrie meurent du cancer du sein parce qu’elles ne pouvaient pas obtenir les médicaments, parce que nous claquons leur argent à travers le système SWIFT. Il y a eu une mystérieuse explosion dans le port au Liban, c’était l’ explosion d’un navire chargé d’engrais au nitrate d’ammonium. Il a tué des centaines de Libanais. Il a blessé des milliers et des milliers de personnes, détruit l’économie du Liban. Et, plus important encore, il a détruit le système bancaire du Liban, qui était l’une des rares bouées de sauvetage restantes à la Syrie. Je ne pense pas que cette explosion soit accidentelle. Je pense que cela a été orchestré, et je soupçonne que la CIA était au courant du pays qui a mené cette action pour détruire le port de Beyrouth. Tout au long de cette guerre, nous utilisons machiavéliquement une force et une violence illimitées. Et en même temps, nous contrôlons les médias mondiaux, dans lesquels nous effaçons toutes les discussions sur ce qui se passe vraiment. Donc, pour l’homme ou la femme dans la rue, les choses vont bien. Tout est fait pour des raisons altruistes. Ce n’est pas le cas.
Mike BILLINGTON : Une partie de votre engagement militaire était en tant qu’officier du JAG (Judge Advocate General). Vous avez été le chef de la division du droit pénal de l’armée au Pentagone. Dans cette optique, comment considéreriez-vous les sanctions César du point de vue du droit international et du droit militaire ?
Richard BLACK : Je n’étais pas expert en droit international. J’étais expert en droit criminel. Mais je dirais que faire la guerre à une population civile est un crime d’une grande importance dans le droit de la guerre. C’est une des choses que nous avons faites en nous alliant avec Al-Qaïda, et de temps en temps avec Daech. Nous avons combattu Daech d’une manière très sérieuse, mais en même temps, nous nous en sommes servis souvent pour les utiliser contre le gouvernement syrien. Nous avons toujours travaillé avec les terroristes. Ils étaient le noyau (de notre action). L’une des politiques qui a été suivie était que sous cette version extrême de l’islam, ce wahhabisme, il y a cette notion que vous possédez une femme si vous la saisissez avec votre bras droit durant le combat. Cela remonte au VIIe siècle. Nous avons facilité le mouvement des terroristes islamiques de multiples pays, ils sont venus, ont rejoint ISIS, ont rejoint Al-Qaïda, ont rejoint l’Armée syrienne libre… Et l’une des choses qu’ils savaient en arrivant, c’est qu’ils avaient légalement le droit d’assassiner les maris – je ne parle pas des militaires, je parle des civils – ils pouvaient assassiner les maris, puis ils pouvaient posséder leurs femmes et leurs enfants. Et ils l’ont fait en grand nombre. Il y a eu une campagne de viol, une campagne de viol organisée à travers la syrie. Il y avait des marchés d’esclaves qui ont surgi dans certaines de ces régions tenues par les rebelles, avec des listes de prix pour l’achat de femmes. Curieusement, les prix les plus élevés sont allés aux plus jeunes enfants, car il y avait un grand nombre de pédophiles. Et les pédophiles voulaient posséder de jeunes enfants, parce qu’en vertu des lois qui étaient appliquées, ils étaient autorisés à violer ces enfants. Ils ont pu violer les veuves des soldats tués ou des civils tués, les posséder, les acheter et les vendre entre eux.
Je ne dis pas que la CIA a mis en place cette politique, mais ils savaient que c’était une pratique répandue, et ils l’ont tolérée. Ils ne l’ont jamais critiqué de quelque façon que ce soit. Lors de ma visite en 2016, je suis allé dans un certain nombre de zones de combat, et dans la capitale. J’ai rencontré le président Assad, et il m’a dit qu’ils travaillaient à changer la loi sur la citoyenneté. Ils avaient toujours suivi la loi islamique, pour laquelle la citoyenneté d’enfant dérivait du père. Mais il y avait tellement eu de femmes syriennes fécondées par ces terroristes, qu’il a fallu changer la loi, pour que leurs enfants aient la citoyenneté syrienne et n’aient pas à être rendus à leur père DAech en Arabie saoudite ou en Tunisie. Cette loi a été adoptée et mise en œuvre. Cela montre juste la cruauté totale. Lorsque nous menons ces guerres, nous n’avons aucune limite à la cruauté et à l’inhumanité que nous sommes prêts à imposer aux peuples, afin d’arriver à renverser leurs gouvernements, en prenant leur pétrole, en prenant leurs ressources.
EN UKRAINE, LA RUSSIE L’EMPORTERA
Mike BILLINGTON : Clairement, que pensez-vous de la politique contre la Russie aujourd’hui, poursuivie par l’administration actuelle ?
Richard BLACK : La Russie est, peut-être, plus bénie avec des ressources naturelles que toute autre nation sur Terre. Ils sont un important producteur de céréales, de pétrole, d’aluminium, d’engrais, d’un nombre immense de choses qui sont liées à l’ensemble de l’économie mondiale. Et il ne fait aucun doute qu’il y a des gens qui regardent cela et disent : « Si nous pouvions d’une manière ou d’une autre briser la Russie, il y aurait des fortunes à faire ». Vous avez certainement déjà vu une partie de cela se produire, avec ces intérêts étrangers prenant le contrôle de l’Ukraine et exploitant ses ressources. Nous avons commencé une poussée vers la Russie, presque immédiatement après la dissolution de l’Union soviétique en 1991. L’Union soviétique s’est dissoute, le Pacte de Varsovie s’est dissous. Et malheureusement, l’une des grandes tragédies de l’histoire est que nous n’avons pas réussi à dissoudre l’OTAN. Le seul but de l’OTAN était de se défendre contre l’Union soviétique. L’Union soviétique n’existait plus. Le Pacte de Varsovie avait disparu ; il n’existait plus. Il n’y avait aucune raison à ce que l’OTAN continue d’exister. Cependant, nous l’avons conservé, et l’OTAN ne pouvait exister que si cette organisation avait un ennemi. La Russie cherchait désespérément à faire partie de l’Occident.J’ai rencontré le chef de Gazprom, la plus grande entreprise de Russie, et c’était peu de temps après la disparition de l’Union soviétique, et il m’a décrit comment ils luttaient pour que leurs médias soient aussi libres qu’en Occident. Ils nous percevaient comme étant beaucoup plus libres et ouverts que nous ne l’étions. Il m’a dit: « vous savez, nous avons un problème avec ce soulèvement en Tchétchénie, territoire qui fait partie de la Russie ». Il m’a dit que les rebelles tchétchènes envoyaient des vidéos à la télévision russe et que nous les diffusions, parce que c’est ainsi que fonctionne la liberté d’expression. Et j’ai répondu : « Tu plaisantes avec moi ? ». « Vous publiez les films de propagande ennemie ? » Il a dit : « Oui. » « N’est-ce pas comme ça que vous le faites aux États-Unis ? ». Pendant la Seconde Guerre mondiale, nous avons pris le contrôle de l’Associated Press et nous l’avons chargé de la censure en temps de guerre, et c’était très strict. » Ce n’est qu’un exemple de la façon dont ils luttaient. Ils sont passés d’un pays officiellement athée à la grande nation la plus christianisée d’Europe, et de loin. Non seulement le peuple le plus christianisé de tous les grands pays d’Europe, mais le gouvernement lui-même était très favorable à l’Église, à la foi chrétienne. Ils ont modifié leur Constitution pour dire que le mariage était l’union d’un homme et d’une femme. Ils sont devenus très restrictifs sur la pratique de l’avortement. Ils ont mis fin à la pratique des adoptions depuis l’étranger, qui permettait à certaines personnes de se rendre en Russie pour adopter des petits garçons à des fins immorales. Ils sont donc devenus un pays totalement différent de l’Union soviétique. Cependant, les États-Unis ont, de longue date, cette stratégie politico-militaire d’expansion de l’empire. Nous l’avons fait au Moyen-Orient, où nous avons tenté de créer un empire néocolonial. Les gens n’en voulaient pas. Et il semble être voué à l’extinction un jour, mais cela pourrait durer encore 100 ans. Nous essayons de faire quelque chose de similaire, dans l’Est de l’Europe, jusqu’à la frontière russe.
Mike BILLINGTON : Donc, la position des États-Unis et du Royaume-Uni sur la guerre en Ukraine, juste au cours de ces dernières semaines, est devenue non seulement un soutien à la guerre, mais la victoire à tout prix. Cela a été déclaré par le secrétaire à la Défense Austin et d’autres. Et ils apportent d’énormes quantités d’armes, non seulement défensives mais offensives, au régime de Kiev. Quelles sont, selon vous, les conséquences de cette politique ?
Richard BLACK : Je pense qu’un nombre énorme de soldats ukrainiens innocents meurent inutilement. Beaucoup de soldats russes mourront inutilement. Ce sont des enfants. Vous savez, les enfants partent à la guerre. Je suis parti à la guerre quand j’étais enfant. Vous croyez que tout ce que fait votre pays, à tort ou à raison, est bien. Cela me brise le cœur quand je regarde les visages de jeunes garçons russes, qui ont été abattus – dans certains cas criminellement par les forces ukrainiennes. Et de même, je vois des jeunes ukrainiens massacrés sur le champ de bataille. On s’en fiche ! Les États-Unis et l’OTAN, ne se soucient pas du nombre d’Ukrainiens qui meurent. Ni les civils, ni les femmes, ni les enfants, ni les soldats, nous nous en fichons. C’est devenu un grand match de football. Vous savez, nous avons notre équipe. Ils ont leur équipe. Nous voulons obtenir le plus gros score. Et nous ne nous soucions pas du nombre de nos joueurs qui perdent la vie sur le terrain, tant que nous gagnons.
LE COMPLEXE MILITARO-INDUSTRIEL JUBILE
Nous expédions des quantités énormes d’armes. Cela sert la cause de Raytheon, qui fabrique des missiles, et de Northrop Grumman, qui fabrique des avions. Ces industries sont devenues extrêmement importantes grâce à l’argent des contribuables. Je ne pense pas que cela influera sur le résultat. Je pense que la Russie l’emportera. Les Ukrainiens sont dans une position stratégique très délicate à l’Est. Si vous regardez la façon dont les évènements se sont déroulés, le président Poutine a fait un effort désespéré pour arrêter la marche vers la guerre en décembre 2021. Il est allé jusqu’à mettre des propositions écrites spécifiques sur la table avec l’OTAN, des propositions de paix pour désamorcer ce qui se passait. Parce qu’à ce stade, l’Ukraine massait des troupes pour attaquer le Donbass. Poutine essayait d’éviter cela. Il ne voulait pas la guerre. Et l’OTAN a simplement rejeté ces propositions ; ne les a jamais prises au sérieux, n’a jamais entamé de négociations sérieuses. À ce moment-là, Poutine voyant que des troupes étaient littéralement à leurs frontières, a décidé qu’il devait frapper en premier. On peut comprendre que ce n’était pas ce n’était pas une attaque planifiée à l’avance. Ce n’était pas comme l’attaque d’Hitler en Pologne. La règle de base est que vous devez toujours avoir un avantage de 3 contre 1 lorsque vous êtes l’attaquant. Vous devez masser trois fois plus de chars, d’artillerie, d’avions et d’hommes que l’autre partie. Quand les russes sont entrés en guerre, ils l’ont fait avec ce qu’ils avaient, ce qu’ils pouvaient bricoler, à courte échéance. Et ils étaient dépassés en nombre par les forces ukrainiennes. Les forces ukrainiennes en avaient environ 250 000. Les Russes en avaient peut-être 160 000. Donc, au lieu d’en avoir trois fois plus, ils avaient en fait moins de troupes que les Ukrainiens. Mais ils ont été forcés d’attaquer, d’essayer de devancer la bataille qui se profilait. Le Donbass est adjacent à la Russie. C’est une partie de l’Ukraine qui ne s’est pas jointe au gouvernement révolutionnaire qui a mené le coup d’État en 2014 et renversé le gouvernement légal de l’Ukraine. Ils ont refusé de faire partie du nouveau gouvernement révolutionnaire de l’Ukraine. C’est ainsi qu’ils ont déclaré leur indépendance. Et l’Ukraine avait massé cette énorme armée pour attaquer le Donbass. La Russie a été forcée d’attaquer pour prévenir cette attaque planifiée par l’Ukraine. On comprend que la Russie espérait pouvoir mener cette opération spéciale sans causer indûment des pertes aux Ukrainiens, parce qu’ils pensaient aux Ukrainiens comme à des frères slaves avec lesquels ils voulaient avoir de bonnes relations. Il y a une photo célèbre avec un char russe, qui avait été arrêté par un rassemblement de peut-être 40 civils qui venaient de bloquer la route et le char s’est arrêté. Je peux vous dire qu’au Vietnam, si nous avions eu un groupe de personnes qui se seraient mises en travers du chemin d’un char américain, ce char n’aurait pas ralenti le moins du monde! Il n’aurait pas klaxonné, il n’aurait rien fait; n’aurait pas tiré un coup de semonce. Il aurait continué. Je ne critique pas les Américains. J’étais là et je me battais, et aurais probablement conduit le char directement à travers la foule moi-même. Ce que je dis, c’est que les règles d’engagement pour les Russes étaient très prudentes. Ils ne voulaient pas créer de haine et d’animosité. Les Russes n’ont pas bombardé le système électrique, les systèmes médiatiques, les systèmes d’eau, les ponts et ainsi de suite. Ils ont essayé de maintenir l’infrastructure de l’Ukraine en bon état parce qu’ils voulaient qu’elle se reconstruise. Ils voulaient juste que ce soit fini rapidement et que tout revienne à la normale. Ça n’a pas marché. La résistance des Ukrainiens a été étonnamment dure. Les soldats ukrainiens se sont battus avec beaucoup de bravoure, beaucoup d’héroïsme. Donc maintenant, les données ont changé et l’affaire est devenu beaucoup plus sérieuse. Alors que la Russie domine l’espace aérien, ils n’ont pas détruit les systèmes ferroviaires. Ils n’ont pas détruit les centrales électriques. Ils n’ont pas détruits tant de choses. Ils n’ont jamais bombardé les bâtiments du centre de Kiev, la capitale de l’Ukraine ; ils n’ont pas bombardé les bâtiments où se réunit le parlement. Ils ont été incroyablement prudents, espérant contre tout espoir que la paix pourrait être atteinte. Mais je ne pense pas que l’Ukraine ait quoi que ce soit à voir avec la décision de paix ou de guerre. Je pense que la décision concernant la paix ou la guerre est prise à Washington, D.C. Tant que les États-Unis voudrons que la guerre continue, nous mènerons cette guerre, en utilisant les Ukrainiens comme mandataires, et nous combattrons jusqu’au dernier ukrainien.
Mike BILLINGTON : Comment voyez-vous le potentiel scénario d’une guerre entre les États-Unis et la Russie ? Et à quoi cela ressemblerait-il ?
Richard BLACK : A la veille de la Première Guerre mondiale en 1914, l’archiduc d’Autriche et sa femme ont été assassinés. À la suite de la mort de ces deux personnes, vous avez eu un effet domino entre les ces alliances, de la colère et de l’hystérie médiatique. Et, à la fin de la guerre, 14 millions de personnes avaient été tuées.
APOCALYPSE NOW OU PAIX MAINTENANT
Nous devons comprendre le risque de jouer à ces jeux-là. Les médias turcs viennent de publier un article disant qu’à Marioupol les Russes ont finalement gagné. Le seul terrain qu’ils n’ont pas repris est cette immense aciérie. Il y a beaucoup de soldats ukrainiens qui sont terrés là. Et maintenant, il est apparu qu’il y a apparemment 50 officiers supérieurs français, qui sont piégés dans cette usine sidérurgique avec les Ukrainiens. Les soldats français ont été sur le terrain pour se battre, dirigeant la bataille. Et cela a été gardé secret, ultra-secret, à cause des élections françaises qui viennent d’avoir lieu. Si les Français avaient su qu’il y avait un grand nombre d’officiers Français piégés et qui allaient probablement mourir dans cette aciérie, les élections se seraient déroulées dans l’autre sens : Marine Le Pen aurait gagné. Et donc il était très important pour l’ensemble de l’État profond, qu’il ne soit pas révélé que ces officiers français étaient là. Nous savons qu’il y a des officiers de l’OTAN qui sont présents sur le terrain en Ukraine en tant que conseillers. Nous courons le risque. Je suppose – et c’est une supposition, je pourrais me tromper – que le navire amiral de la flotte russe de la mer Noire, le Moskva, a été coulé à la suite d’un tir de missiles antinavires. Ces missiles, il y a de fortes chances qu’ils aient été tirés par les français. Je peux me tromper, mais ces missiles sont si sensibles et si dangereux que je ne pense pas que l’OTAN ferait confiance aux Ukrainiens, ou à qui que ce soit d’autre, dans leur mise en œuvre. Je pense qu’ils doivent être maintenus sous le contrôle de l’OTAN. Ce sont probablement les forces de l’OTAN qui ont coulé le Moskva. Nous prenons ces mesures très imprudentes, et chaque fois nous augmentons la mise. Il se trouve que je suis républicain – mais nous avons deux sénateurs américains républicains qui ont dit que, « eh bien, nous pourrions juste avoir besoin d’utiliser des armes nucléaires contre la Russie ». C’est insensé. Je pense qu’il est important que les gens commencent à comprendre ce que signifierait une guerre thermonucléaire. Aujourd’hui nous pensons : « Nous sommes grands, nous sommes forts, et nous avons tout cet armement nucléaire. » La Russie est à peu près comparable aux États-Unis en matière de dissuasion nucléaire. Ils ont des missiles hypersoniques, que nous n’avons pas. Ils peuvent échapper à toute détection. Les russes peuvent tirer des missiles depuis la Russie et atteindre San Francisco, Los Angeles, Chicago, Detroit, Baltimore, Washington, D.C., New York. l faut le garder à l’esprit, les russes ont une flotte très importante et efficace de sous-marins nucléaires qui se trouvent au large des côtes des États-Unis. Ils ont un grand nombre de missiles à ogive nucléaire, et ils peuvent échapper à toutes les défenses que nous avons. Si vous pensez juste à la Virginie, où je vis, s’il y avait une guerre nucléaire toute la Virginie du Nord serait anéantie. Il ne resterait pratiquement plus de vie humaine dans le comté de Loudoun, le comté de Prince William, le comté de Fairfax, Arlington, Alexandria. Le Pentagone se trouve dans le comté d’Arlington : le Pentagone serait simplement une masse incandescente de sable fondu. Il n’y aurait pas de vie humaine à plusieurs kilomètres à la ronde. De l’autre côté du Potomac, il ne resterait plus de vie dans la capitale nationale. Le Capitole disparaîtrait à jamais. Tous les monuments, toutes ces choses glorieuses, il ne resterait rien. Sur la côte de la Virginie, vous avez le chantier naval de Norfolk, vous avez le port de Norfolk. Vous avez la plus grande accumulation de puissance navale sur la surface de la Terre. C’est là que nous stationnons tous nos porte-avions, nos sous-marins nucléaires. Il ne resterait plus rien. Et vous pouvez continuer la liste. Il serait probablement impossible pour les gens d’habiter la ville de New York pendant des centaines d’années après cet apocalypse. Nous devons comprendre la gravité de ce que nous faisons. Si ce qui se passe en Ukraine était une question de vie ou de mort pour les États-Unis, ce serait une chose. Lorsque l’Union soviétique a mis des missiles à Cuba, qui visaient les États-Unis, cela valait la peine de prendre le risque, car c’était juste à notre frontière et cela nous menaçait. C’était une bataille qui valait la peine d’être menée et un risque qui valait la peine d’être pris. Les Russes sont exactement à l’image de cette situation, parce que pour eux, la vie de la Russie dépend de la nécessité d’empêcher l’OTAN d’avancer plus à l’est, jusqu’à leurs frontières. Ils ne peuvent pas se permettre de ne pas mener cette guerre. Ils ne peuvent pas se permettre de ne pas gagner cette guerre. Donc, je pense que provoquer cette escalade dans une guerre qui n’a aucune signification pour les Américains est une erreur majeure. L’Ukraine n’a pas de sens pour les Américains ; elle n’a aucun impact sur notre vie quotidienne. Et pourtant, nous jouons à ce jeu imprudent qui met en danger la vie de tous les peuples aux États-Unis et en Europe occidentale pour rien ! Juste absolument pour rien !
Mike BILLINGTON : De nombreux officiers supérieurs comprennent certainement les conséquences que vous venez de décrire. Comment se fait-il que – alors que certains généraux s’expriment en Italie, en France, en Allemagne, avertissant que nous poursuivons une voie qui pourrait mener à une guerre nucléaire – pourquoi n’y a-t-il pas de telles voix de la part des officiers supérieurs américains – à la retraite, peut-être – qui disent ce que vous dites ici aujourd’hui ?
Richard BLACK : Il y a eu une énorme détérioration de la qualité des officiers subalternes qui remonte aux années 1990. Nous avions de très bons officiers pendant que j’étais en service actif — je suis parti en 94 — des gens de qualité supérieure. Ce qui s’est passé, c’est que par la suite, nous avons eu le président Clinton qui a pris le relais, plus tard, nous avons eu Obama. Nous avons Biden maintenant. Ils appliquent un filtre politique très strict à leurs officiers. Et nous avons maintenant des « yes men ». Ce ne sont pas des gens dont la dévotion principale est aux États-Unis et à leur peuple. Leur dévouement principal est à leur carrière et à leur capacité de réseauter avec d’autres officiers à la retraite. Il y a un réseau très solide qui peut placer des généraux dans des groupes de réflexion, où ils promeuvent la guerre, dans des organisations comme Raytheon et Northrop Grumman. Il y a donc un prix personnel à payez pour dire : « Hé, arrêtez. La guerre n’est pas dans l’intérêt du peuple américain. ». Si nous avions une meilleure qualité d’individu, nous aurions des gens avec le courage de dire: « Je me fiche de ce que cela me coûte personnellement. » Mais il est très difficile d’entrer dans les cadres supérieurs de l’armée si vous êtes un individu guidé par des principes, le patriotisme et le dévouement envers le peuple de cette nation. Ce n’est tout simplement pas comme ça que ça fonctionne. Et à un moment donné, nous avons besoin d’un président qui va entrer et secouer l’arbre, et faire tomber beaucoup de ces gens, parce qu’ils sont dangereux. Ils sont très dangereux pour l’Amérique.
Mike BILLINGTON : Helga Zepp-LaRouche et l’Institut Schiller ont rédigés une pétition – et nous avons tenu une conférence le 9 avril sur le même thème – qui explique que la seule façon d’arrêter cette descente aux enfers vers un holocauste nucléaire est dans la mise en place d’une nouvelle paix de Westphalie. Il s’agirait de promouvoir une conférence internationale qui mettrait en place une nouvelle architecture de sécurité et une nouvelle architecture de développement, le droit au développement pour tous les pays. Et comme pour la paix de Westphalie, ce serait une conférence dans laquelle toutes les parties s’assiéraient ensemble, reconnaîtraient leurs intérêts réciproques, et pardonneraient les crimes passés. Que faudra-t-il faire pour que les Américains reconnaissent que nous pouvons, et devons, nous asseoir avec les Russes, avec les Chinois et toutes les autres nations afin d’établir un monde basé sur la dignité de l’homme et le droit au développement et à la sécurité ?
Richard BLACK : Je pense, malheureusement, qu’il va falloir qu’il y ait une énorme souffrance pour produire cela, tout comme cela c’est passé avec la paix de Westphalie. Une guerre nucléaire le ferait ; un cataclysme économique d’une ampleur sans précédent, résultant de l’impression débridée de monnaie dans laquelle nous nous sommes engagés au cours des 20 dernières années, le ferait aussi. Mais à ce stade, les médias ont été si totalement censurés et si biaisés que le peuple américain n’a vraiment aucune perception de la nécessité de quoi que ce soit de ce genre. Ça va être difficile. Ici, dans ce pays, on pourrait penser que le monde entier est contre la Russie. Ce n’est pas le cas. En fait, il y a de grands pays du monde qui penchent vers la Russie dans cette guerre, à commencer par la Chine, mais aussi le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Arabie saoudite – un large éventail de pays. L’Inde soutient énormément la Russie. L’idée que d’une manière ou d’une autre nous défendons une cause juste, n’est pas l’opinion d’une grande partie du monde, qui n’accepte pas la propagande sur les crimes de guerre telle que cette affaire de Bucha.
BUCHA : QUESTIONS SUR UN MASSACRE
Et qu’est-ce que Bucha ? Un film pris d’un véhicule qui roulait sur la route à Bucha, localité qui venait d’être reprise aux Russes. Et tous les trois mètres environ, il y avait une personne morte avec ses mains attachée derrière son dos. Ce film n’a été montré que quatre jours après la reprise de Bucha par les Ukrainiens.Maintenant, nous ne savons presque rien à ce sujet. En fait, nous n’avons même pas la preuve que ces gens aient été tués. Mais en supposant qu’ils l’aient été, nous ne savons pas où ils avaient été tués. Nous ne savons pas qui ils sont. Nous ne savons pas qui les a tués. Nous ne savions pas pourquoi ils avaient été tués. Personne ne peut fournir un motif adéquat pour que les Russes les aient tués. Les Russes ont tenu Bucha pendant un mois. S’ils allaient les tuer, pourquoi ne les ont-ils pas tués pendant ce mois ? Et si vous allez massacrer un groupe de gens, ne seraient-ils pas tous au même endroit ? Pourquoi seraient-ils répartis le long d’une route, sur un kilomètre ? Cela n’a aucun sens ! Ce que nous savons, c’est que quatre jours après que le maire de Bucha ait joyeusement annoncé que la ville était libérée, quatre jours après l’arrivée de l’armée ukrainienne et de leur branche spéciale de propagande, tout d’un coup, il y avait ces morts sur la route. Comment se fait-il qu’ils ne soient apparus qu’après le départ des Russes ?
Si je considérais cela comme une simple affaire criminelle, et que je parlais à la Division des enquêtes criminelles ou au FBI, ou à la police militaire ou quelque chose du genre, je dirais : « OK, d’abord, jetons un coup d’œil aux Ukrainiens. » Je suppose que, et vous commencez avec une intuition lorsque vous enquêtez sur un crime – mon intuition est que les Ukrainiens ont tué ces gens après leur arrivée. Ils se sont dit qu’ils allaient exécuter ceux qui avaient été amical envers les troupes russes pendant leur présence. C’est ce que je suppose. Parce que je ne vois aucune raison pour que les Russes tuent quelques personnes en sortant de la ville. Et personne ne remet cela en question, parce que les médias sont monolithiques. Nous savons pertinemment, de la bouche du chef d’un hôpital ukrainien, qui se vantait d’avoir donné des ordres stricts à tous ses médecins, afin que lorsque des prisonniers de guerre russes blessés étaient amenées, ils devaient être castrés. C’est un crime de guerre horrible, admis de la bouche même de l’administrateur de l’hôpital. Et le gouvernement ukrainien a dit : « Nous allons en examiner cela », comme si ce n’était pas grand-chose. Je ne peux pas penser à un crime de guerre plus horrible, jamais. Où en avez-vous entendu parler, sur ABC et MSNBC et CNN et FOX News ? Pas un murmure. Et pourtant, la preuve est indéniable. Nous avons un autre clip où il y avait un point de rassemblement de prisonniers de guerre, où les Ukrainiens amenaient les prisonniers de guerre à un point central pour le traitement – et il s’agit d’une vidéo de sept minutes – et les soldats ukrainiens les ont tous abattus. Il y avaient probablement 30 de ces soldats russes blessés gisant sur le sol, certains d’entre eux mourant de leurs blessures. Certains d’entre eux, des sacs en plastique sur la tête. Des gars qui sont allongés là, parfois mortellement blessés, avec les mains attachées derrière le dos, avec des sacs en plastique sur la tête. À la fin de la vidéo, les Ukrainiens amènent une camionnette, et il y a trois prisonniers de guerre russes non blessés. Sans la moindre hésitation, alors que les trois ont les mains liées derrière le dos, ils ont abattu deux d’entre eux, devant la caméra. Le troisième se met à genoux et supplie qu’ils ne lui fassent pas de mal. Et ils l’abattent ! Ce sont des crimes. Et ceux-ci n’ont pas été réfutés par le gouvernement ukrainien. Les seuls épisodes où j’ai vu des preuves assez irréfutables de crimes de guerre, ont été du côté ukrainien. Souvent vous entendez dire : « les Russes ont détruit ceci ou détruit cela ». Eh bien, revenez aux guerres que nous (les Etats-unis) avons menées lorsque nous avons envahi l’Irak, le « choc et l’effroi » : nous avons détruit pratiquement tout en Irak, tout ce qui a de l’importance. Nous avons bombardé des cibles militaires et civiles sans discrimination. La coalition a effectué 100 000 sorties en 42 jours. Vous comparez cela aux Russes, qui n’ont effectué que 8 000 sorties au cours de la même période. 100 000 sorties américaines contre 8 000, sur le même laps de temps. Je pense que les Russes ont été plus sélectifs. Alors que nous, non. La philosophie de Shock and Awe est que vous détruisez tout ce qui est nécessaire pour soutenir la vie humaine et pour qu’une ville fonctionne. Vous détruisez l’alimentation en eau, l’alimentation électrique, la chaleur, l’huile, l’essence ; vous détruisez tous les principaux ponts. Et puis vous continuez à tout détruire. C’est donc vraiment ironique. Gardez à l’esprit que l’Irak est un pays relativement petit. L’Ukraine est un pays immense. 100 000 sorties en 42 jours, 8 000 sorties à peu près au même moment. Une énorme différence de violence entre ce que nous avons fait en Irak et ce qu’ils ont fait en Ukraine. Il n’y a donc tout simplement aucune crédibilité lorsque vous vous penchez sur les faits et que vous regardez la façon dont la guerre a été menée.
Mike BILLINGTON : Sénateur Black, colonel Black. Je dirais que ce que vous avez décrit est assez horrible. Et lorsqu’on le combine avec l’effondrement hyperinflationniste qui balaie maintenant le monde occidental, nous croyons que nous devons prendre cela comme l’horreur adéquate, la reconnaissance d’une descente dans un âge sombre, pour motiver le réveil des citoyens en Europe, aux États-Unis. Nous vous remercions d’avoir donné ce souffle de vérité difficile à une population qui a besoin de l’entendre.
Richard BLACK : Je vais juste ajouter une chose, et je remercie l’Institut Schiller pour l’énorme effort que vous avez fait pour parvenir à la paix dans le monde. C’est l’un des efforts les plus importants jamais déployés, et je m’en réjouis.Si vous regardez la Russie, les troupes russes qui sont allées au combat en Ukraine, pour la plupart, n’avaient jamais connu le combat. C’est une armée en temps de paix. La Russie ne mène pas de guerres à l’étranger. La Syrie est le seul engagement important à l’étranger qu’ils ont eu. Vous comparez cela avec les États-Unis, où, littéralement, si un soldat prend sa retraite aujourd’hui après une carrière de 30 ans dans l’armée, il n’aura pas servi un seul jour lorsque les États-Unis étaient en paix. C’est un peu incroyable. Et vous comparez cela avec l’armée russe, où, à quelques exceptions près, le pays a été en paix.Donc, nous devons vraiment commencer à penser à la paix et aux limites de la guerre. Nous sommes dans un monde où tout le monde peut gagner et prospérer par la paix. Mais je crains que l’hyperinflation ne soit le signal d’alarme qui pousse le monde à reconnaître que nous devons avoir un nouveau paradigme pour l’avenir, et je pense que la paix de Westphalie en ce moment pourrait devenir une possibilité.Je vous remercie donc encore de m’avoir donné l’occasion d’être ici. Il y a toujours de l’espoir et je pense qu’il y aura de bonnes choses à l’avenir, avec les bénédictions de Dieu.
BILLINGTON : Merci beaucoup à l’Institut Schiller, à l’Organisation LaRouche et à l’EIR.
BLACK : Merci beaucoup.
Source :Solidarité et Progrèshttps://solidariteetprogres.fr/nos-actions-20/partenaires/richard-black-l-immoralite.html
« En Syrie nous avons toujours travaillé avec les terroristes. »
A ce respectable sénateur, je dis :
Croyez-vous nous apprendre quelque chose en le disant, en disant cette demi-vérité ? Dans le monde entier, nous le savons depuis très longtemps déjà.
J’ajouterais que ceci n’est pas valable qu’en Syrie mais dans toutes les guerres passées et présentes.
Et puis, pour être franc et cohérent avec soi-même : les usa ne sont-ils pas depuis toujours eux-mêmes une entité terroriste ?