L’effondrement de l’Union soviétique a produit une confusion géopolitique monumentale – Nicolas Bonnal
Source : lecourrierdesstrateges.fr – 26 août 2022 – Nicolas Bonnal
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Nous publions la version française d’un article de Nicolas Bonnal qui était paru en langue anglaise en février 2014, quelques jours après le coup de Maïdan à Kiev. Le texte n’a pas pris une ride.
Le désastre ukrainien, épouvantable et quelque peu insensé, mérite une explication : Zbigniew Brzezinski. Cet expert américain en géopolitique, né en Pologne, mérite en effet d’être lu comme Adolf Hitler, qui a diabolisé la Russie en son temps, comme le fait aujourd’hui le “général” bouffon McCain. Il a prédit l’attitude américaine et l’évolution mondiale dans les années 90 dans son livre The Grand Chessboard. Ce livre est en fait le Mein Kampf de l’élite mondiale et du Nouvel Ordre Mondial. Et le principal obstacle reste le cœur de la Russie de McKinder et Haushofer ; afin de détruire la résistance russe, le dernier bastion chrétien de résistance dans ce programme mondial d’homogénéisation et d’extermination des cultures depuis la soumission de l’Eglise catholique romaine, l’Amérique a payé, équipé, armé et entraîné le même type de mercenaires qu’elle a utilisés ailleurs. Elle a également manipulé des nationalistes et des extrémistes naïfs toujours disponibles pour aider les maîtres des marionnettes, et qui ont servi les intérêts nazis pendant la guerre. Pensez aussi aux combattants de la liberté mondiale qui ont massacré les paysans gauchistes d’Amérique centrale, par exemple. Les militants guerriers de Svoboda seront condamnés plus tard par l’Empire du Bien. Et le messianisme de la démocratie, souligné par Tocqueville en son temps, fera le reste.
Mais lisons Brzezinski :
“Étant donné l’intérêt géopolitique particulier de l’Allemagne et de la Pologne pour l’indépendance de l’Ukraine, il est également tout à fait possible que l’Ukraine soit progressivement entraînée dans la relation spéciale franco-germano-polonaise. D’ici 2010, la collaboration politique franco-germano-polonaise-ukrainienne, qui mobilise quelque 230 millions de personnes, pourrait évoluer vers un partenariat renforçant la profondeur géostratégique de l’Europe”.
C’est ce que Brzezinski appelle la tête de pont démocratique. L’Union européenne qui est ouvertement la marionnette des Bilderbergs et de l’OTAN a besoin d’une “Europe ouverte” comme Soros a pathétiquement besoin d’une société ouverte. Simple pièce – ou pion – de l’ordre mondial, une Europe vieillissante sera démographiquement submergée par l’Asie et l’Afrique. Mais cela n’a pas d’importance, puisque nos populations avancent les yeux grands fermés…
Dès lors, l’objectif géostratégique central de l’Amérique en Europe peut être résumé très simplement : il s’agit de consolider, par un partenariat transatlantique plus authentique, la tête de pont américaine sur le continent eurasien, afin qu’une Europe élargie puisse devenir un tremplin plus viable pour projeter en Eurasie l’ordre international démocratique et coopératif.
L’Eurasie et l’Asie centrale seront atlantiques ou ne le seront pas.
L’Ukraine est comme un chakra, dit un de mes amis à Paris, un chakra pour détenir et posséder le Heartland. Bien sûr, Brzezinski, l’homme dont les théories ont aidé et inspiré Al-Qaïda en Afghanistan, en Libye et en Syrie, est d’accord :
“Le plus troublant de tous était la perte de l’Ukraine. L’apparition d’un État ukrainien indépendant a non seulement poussé tous les Russes à repenser la nature de leur propre identité politique et ethnique, mais elle a représenté un revers géopolitique vital pour l’État russe“.
Brzezinski ajoute également qu’avec l’Ukraine, la Russie perd sa frontière méridionale et son accès aux mers chaudes ; comme nous le savons, il veut affaiblir la Russie afin que ce pays puisse être trop intégré dans la matrice occidentale. C’est pourquoi Poutine est diabolisé depuis son accès au pouvoir.
“L’indépendance de l’Ukraine a également privé la Russie de sa position dominante sur la mer Noire, où Odessa avait servi de porte d’entrée vitale de la Russie pour le commerce avec la Méditerranée et le monde extérieur. La perte de l’Ukraine était un pivot géopolitique, car elle limitait considérablement les options géostratégiques de la Russie”.
Brzezinski connaît l’hostilité de la Russie à la manipulation américaine des Ukrainiens, aussi crédules que les autres êtres humains. L’attitude agressive et conquérante de l’OTAN a motivé une réaction russe, même durant la désastreuse ère Eltsine.
“La tendance américaine croissante, surtout en 1994, à accorder une priorité élevée aux relations américano-ukrainiennes et à aider l’Ukraine à maintenir sa nouvelle liberté nationale a été perçue par beaucoup à Moscou – même par ses “occidentalistes” – comme une politique visant l’intérêt vital de la Russie à ramener finalement l’Ukraine dans le giron commun.”
Mais (et Vladimir Poutine devrait lire ces lignes), ce n’est pas important. Tout le monde veut faire partie du processus d’américanisation parce que la Russie est trop faible, la Russie n’est pas assez attractive :
“La Russie n’est pas assez forte politiquement pour imposer sa volonté et pas assez attractive économiquement pour pouvoir séduire les nouveaux Etats”.
C’est vrai : depuis deux siècles, la matrice américaine est plus séduisante que le modèle russe, même si l’Amérique a bombardé la moitié du monde. Elle promet l’argent, Las Vegas et Miami, la Corvette et Hollywood. A Paris, j’ai vu ces temps-ci des Chinois efféminés et métrosexuels courir entre les boutiques de luxe de la prestigieuse avenue Montaigne. Est-ce la façon chinoise de se désaméricaniser ?
Vladimir Poutine incarne un type d’homme d’État en voie de disparition : il est croyant et il est au service de sa terre, pas des marchés. En France, Poutine est présenté comme le nouveau Staline, le semi-tyran qui aide les tyrans à temps plein de Syrie, de Libye ou même de Corée du Nord. Les gens n’ont ni le temps ni les moyens d’obtenir une autre source d’information – des sources que l’on qualifie infailliblement de conspirationnistes. La dévalorisation de Vladimir Poutine commence à être dangereuse pour la santé mondiale, mais comme nous le savons, la démocratie occidentale ne s’arrêtera pas. La démocratie occidentale est l’Empire du Bien, et personne ne peut arrêter un tel Empire.
Concluons sur Brzezinski.
En parlant d’échiquier, un autre grand esprit, qui se trouvait être iranien, nous avait mis en garde contre ce symbolisme : Nous jouons ensemble à un jeu de bébé sur l’échiquier de l’existence,
“Et un par un, nous retournons dans la boîte de la non-existence“.
Omar Khayyam
Petite histoire courte du pays des soviets : Tout comme lors de la Guerre de 1914-1918, qui a permis au communisme de prendre le pouvoir en Russie, la deuxième Guerre mondiale permettra au communisme d’étendre son emprise, avec l’approbation (et le soutien) de la haute finance. Une nouvelle phase débutera au milieu des années 1980 avec l’arrivée, à la Direction du Parti Communiste de l’Union Soviétique, de Mikhail Gorbatchev, futur prix Nobel de la Paix (comme Barack Obama) pour services rendus, c’est-à-dire pour la mise en œuvre de son programme de « réformes » économique et politique (de 1985 à 1987) appelé « Perestroïka » (« Restructuration » ou « Reconstruction »), et qui aboutira à la désintégration de l’URSS, conséquence indispensable à la mise œuvre d’une plus grande « efficacité économique » et d’une « démocratisation des institutions ». Mikhail Gorbatchev démissionnera en décembre 1991. Boris Eltsine, « marionnette » intérimaire (et fortement alcoolisée), sera élu (au suffrage universel dorénavant) Président de la nouvelle « République Fédérative de Russie » jusqu’en décembre 1999, date de sa démission. Son incapacité (pour raison de santé) et son incompétence, qui seront mises à la disposition des projets des globalistes, permettront de préparer l’avènement et le long règne d’un nouvel acteur politique majeur (et « moderne ») en Russie : Vladimir Poutine. Pour beaucoup aujourd’hui, et notamment un nombreux public masculin, Vladimir Poutine (ancien Chef du FSB, ex-KGB, les Services de renseignements soviétiques, et donc issu du « système ») est devenu une sorte de « Superhéros » luttant contre le « Nouvel Ordre Mondial », à l’instar de son ex-homologue étasunien et milliardaire, Donald Trump, tant vanté et glorifié, lui aussi, par une pseudo dissidence. Bien que figure centrale de l’exécutif de la nation Russe depuis 1999, rappelons qu’une commission parlementaire britannique a publié en mai 2018 un rapport alertant sur le fait que la « City » serait devenue un centre de blanchiment d’argent pour les hommes d’affaires russes et pour Vladimir Poutine et son entourage, ce qui a valu à la capitale britannique le surnom de « Londongrad ». Enfin, rappelons également qu’en hâtant l’effondrement de l’empire américain, Donald Trump (à l’instar de M. Gorbatchev en URSS) a agi comme un allié objectif des intérêts globalistes de la « City » dont le seul objectif est l’avènement d’un gouvernement mondial (ou « Perestroïka mondiale »). Car précisément, le gouvernement mondial ne pourra voir le jour que sur les décombres des États, tout empires soient-ils.
Notons que, dans son ouvrage « La Trilatérale et les secrets du mondialisme », Yann Moncomble nous fait remarquer « les étranges alliances entre le CFR, la « Trilatérale » et les dirigeants du Kremlin… mais, ajoute-t-il, le public doit ignorer cet état de fait. Il faut qu’il continue de croire à l’opposition farouche Communisme-Capitalisme. ». À la fin des années 90, l’ex-président et co-fondateur de la « Trilatérale » avec D. Rockefeller, Zbigniew Brzezinski, déclarait à la revue Encounter : « un moment arrivera où il sera possible d’exercer une surveillance sur chacun des citoyens du monde entier » (Proximo Milenio, n°42, décembre 1996, pp. 56-60).
« Le système capitaliste de l’Occident et le socialisme de la Russie cheminent l’un vers l’autre, vers la solution de synthèse… » écrit Edgar Faure en 1964, dans « Humanisme et Culture ». La « solution de synthèse » dont il est question ici, n’est-elle pas l’aboutissement de ce processus désagréable qu’aujourd’hui nous voyons bien réellement se mettre en place sous l’appellation de « Globalisation » ou « Nouvel Ordre Mondial » ?
NB : En 1905, le Tsar Nicolas II refusa d’accepter la création sur le sol Russe d’une Banque centrale, comme cela arrivera en 1913 avec la « Federal Reserve » aux USA, banque qui, au moyen du contrôle du crédit, aurait permis alors aux « puissance d’argent » de contrôler l’économie Russe. Le premier organisme bancaire central en Russie a été créé le 12 juin 1860 sous le nom de Banque d’État de l’Empire russe, qui a été formée sur la base de la Banque commerciale d’État par l’oukaze (décret ou édit) de l’empereur Alexandre II. Il était précisé dans les statuts que cette banque était destinée au crédit à court terme du commerce et de l’industrie. Au début de 1917, la banque comptait onze succursales, 133 bureaux permanents et cinq bureaux temporaires et 42 agences. Le 7 novembre 1917, date de la « révolution d’Octobre », la Banque d’État Russe a été dissoute et remplacée par la Banque populaire de Russie ; on passera alors d’un Gouverneur de la banque nommé par Nicolas II, à un Président du Conseil d’Administration nommé par le Premier ministre de l’Union Soviétique, en l’occurrence Lénine (rappelons que la famille impériale a été massacrée en juillet 1918). La Banque populaire de Russie existera jusqu’à la création, en 1923, de la Gosbank (banque centrale de l’Union Soviétique) devenue depuis décembre 1991, la Banque centrale de la fédération de Russie.
Le cartel des banques centrales représente le monopole ultime. Il jouit d’un monopole sur le crédit des gouvernements, et son but est de convertir ce monopole en un monopole exclusif sur tout : la politique, la culture, l’économie, la religion etc.
Ces institutions sont nées sous le signe de l’imposture : présentées comme des banques d’État, elles disposaient à ce titre de la garantie de l’État (c’est-à-dire des contribuables de l’État) alors que ses capitaux restaient dans des mains privées. L’appropriation par des intérêts privés est le vice initial du concept de banques centrales. C’est ainsi que la banque d’Angleterre (1694), la Banque de France (1800), la Réserve Fédérale américaine (FED, 1913), la Banque des Règlements Internationaux (BRI, 1930), le système européen de banques centrales (dit SEBC, décidé par le traité de Maastricht en 1992 et entré en vigueur en 1999) reflètent, toutes, un désengagement des instances politique de l’État dans la gestion centralisée des masses monétaires en circulation.
Ces banques centrales sont aujourd’hui l’élément pivot, fondamental, du système monétaire mondial. En prenant le contrôle des monnaies, ces « puissances d’argent » ont pris le contrôle des économies puisqu’elles étaient en mesure de décider, en toute autonomie et de façon discrétionnaire, de l’affectation des ressources monétaires.
Pour ceux qui l’auraient oublié, cette vérité a été directement précisée par l’un des fondateurs de l’oligarchie financière : « Donnez-moi le contrôle de la monnaie d’une nation et je n’aurai pas à m’occuper de ceux qui font les lois ».
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