Guerre sans contact, manipulation du potentiel contestataire, les leçons du Kosovo appliquées à l’Ukraine
Source : librepuissantesouveraine.org – octobre 2022
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La guerre du Kosovo est une guerre très riche en enseignement. Certains ont en extrait une puissante grille d’analyse, des concepts forts, dont l’application au conflit ukrainien est d’une très grande fécondité.
Pour étayer notre propos, nous nous appuierons sur l’excellent article d’Erik A. Claessen intitulé « La pensée militaire russe : « Guerre sans contact, Guerre sans victoire »[i].
En 1999, une grande campagne de désinformation est organisée par les pays membres de l’OTAN.
Le ministre allemand de la défense, Rudolf Scharping brandit le plan « fer-à-cheval » (« PODKOVA« ), et attribue artificiellement des intentions génocidaires aux serbes ainsi que des crimes atroces perpétrés sur des nouveaux nés.
L’intervention à venir de l’OTAN au Kosovo ne reposant sur aucune base légale, le plan « fer-à-cheval » permettra de fournir un fondement humanitaire à cette guerre décidée en dehors des instances onusiennes, sans consultation du conseil de sécurité.
La Russie, opposée à cette intervention mais privée de l’exercice de son droit de veto se sentira profondément humiliée.
Quelques années plus tard, le Monde Diplomatique évoquera « le plus gros bobard de la fin du siècle ».
Pendant cette guerre, exclusivement aérienne, qui dura 78 jours, l’OTAN cherchera à priver la Serbie de son potentiel économique vital en bombardant des sites abritant des infrastructures économiques, politiques, administratives.
Elle bombardera notamment le siège de la télévision serbe à Belgrade.
Robert Fisk s’exprimait en ces termes dans “Le Monde diplomatique” :
“Il était quasiment impossible de croire qu’une aviation (celle de l’OTAN) ayant bombardé avec constance des hôpitaux, des ponts, un train, deux bus, un pont de village un jour de marché et nombre de maisons, en même temps que des casernes et des raffineries, ne ciblait pas délibérément des civils, dans l’intention de mettre la Serbie à genoux.”
Aujourd’hui, les US condamnent l’usage de ce même procédé par la Russie en Ukraine.
L’issue de ce conflit ne provoqua pas pour autant la chute de Slobodan Milosevic.
Cependant, un an plus tard, le 5 octobre 2000, le Président Milosevic perdra les élections au terme « d’une longue campagne non-violente contre son régime organisée par le mouvement « résistance » ».
Lorsque les Russes apprendront que le mouvement « Résistance » avait été financé par des ONG américaines, ils considéreront que le mouvement de la population n’avait jamais revêtu un caractère spontanée.
Le modus operandi des US et de l’OTAN, fut théorisée par le major-général Vladimir Slipchenko qui qualifia ce nouveau type de guerre de « guerre sans contact », celle-ci étant fondée sur deux volets : la privation de la source de pouvoir de l’adversaire à travers la destruction de son potentiel économique vital, d’une part, et la manipulation du potentiel contestataire de la population, d’autre part.
L’exemple de l’Ukraine et de la « révolution » de Maïdan semble constituer l’illustration parfaite du dernier volet de la guerre sans contact.
En Ukraine lors des évènement de Maïdan, la mobilisation du potentiel contestataire de la population s’appuiera principalement sur les groupes ultra-nationalistes et sur un accompagnement destiné à façonner l’opinion.
Le recours à des mesures économiques, politiques, humanitaires, l’utilisation d’ONG d’obédience américaine pour financer les mouvements contestataires, serviront à transformer le potentiel contestataire de la population en un mouvement de contestation qui en l’espèce conduira à renverser un président régulièrement élu ainsi que son gouvernement pour y substituer un premier ministre et des ministres principaux directement choisis par Victoria Nuland, sous-secrétaire d’Etat américaine.
Selon l’auteur de l’article cité en introduction « le potentiel contestataire de la population éternise le conflit ».
Il conclut par ces mots :
« ceux qui investissement dans les guerres sans contact, s’enliseront partout dans des guerres sans victoire. »
Aujourd’hui, alors que la partition de l’Ukraine est raisonnablement le seul mode de résolution possible du conflit, deux forces s’y opposent, d’une part, la frange ultranationaliste, que l’on peut identifier au « potentiel contestataire de la population » et d’autre part, les Etats-Unis, « principal investisseur de la guerre sans contact » qu’elle mène plusieurs décennies en Ukraine.
Un autre facteur de blocage doit absolument être mis en avant, il s’agit du « Sunk Cost Effect ».
Le « sunk cost effect » est la « tendance générale à poursuivre une entreprise une fois que des ressources considérables y ont été investies, et ce, même lorsque les coûts commencent à l’emporter sur les avantages ».
Justement, les US ont investi des sommes considérables dans ce pays à travers les aides qu’elle a pu déployées mais surtout à travers la vampirisation de l’économie ukrainienne et notamment l’accaparement de 40 % de ses terres agricoles arables.
Les faits contrediront-ils les conclusions de l’article d’Erik A. Claessen ?
Seul l’avenir nous le dira.
[i] CLAESSEN Erik A, « La pensée militaire russe : « Guerre sans contact, guerre sans victoire » », Revue Défense Nationale, 2016/5 (N° 790), p. 103-107. DOI : 10.3917/rdna.790.0103. URL : https://www.cairn.info/revue-defense-nationale-2016-5-page-103.htm
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