Mythes et réalités de l’esclavage

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Mythes et réalités de l’esclavage – Claude Timmerman

A partir de l’analyse d’un manuel de la LICRA (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) distribuée dans les écoles, Claude Timmerman déconstruit la propagande institutionnelle autour de l’esclavage et rétablit certaines vérités sur la réalité de ce phénomène historique complexe. Alors que cette question est utilisée comme une arme mémorielle aux conséquences politiques et sociales désastreuses : destruction de monuments historiques, manifestations et émeutes aux États-Unis et ailleurs, attaques contre des personnes, des commerces etc ; Claude Timmerman rappelle ici les responsabilités réelles de ce drame humain. Responsabilités toujours occultées par ceux qui ont un intérêt objectif à faire de cette question un éternel « fardeau de l’homme blanc ». Fardeau pour lequel il serait responsable pour toujours face à l’humanité entière et face aux « générations futures » selon l’expression consacrée.

La rédaction de Strategika

Extraits : (…) L’histoire de l’esclavage aux Amérique commence avec l’arrivée de Christophe Colomb sur le « Nouveau Continent » (1492).
Parmi ceux qui l’accompagnaient, il y avait 5 juifs dénommés selon les textes : Luis de Torres, Marco, Bernal, Alonso de la Calle et Gabriel Sanchez.
Gabriel Sanchez persuada Colomb de laisser capturer 500 autochtones (« Indiens ») et de les faire vendre comme esclaves à Séville, au retour en Espagne.
(Ce haut fait d’arme, qui scandalisa la cour et la toute société espagnole, conduira à une disgrâce durable de Colomb… Il serait intéressant de savoir d’ailleurs ce que sont alors devenus ces indiens en Espagne.)
Chassé d’Espagne (1492) et du Portugal (1497), les juifs expulsés, partirent pour la plupart continuer à prospérer à l’ombre de l’Islam auprès du le sultan de Constantinople, récemment installé (1453), qui les accueillit à bras ouverts.

Certains s’établirent aux Pays Bas où ils participent activement à la création des Provinces Unies avec Guillaume d’Orange et ses partisans locaux (orangistes et protestants) luttant contre l’Espagne catholique.
Le processus d’émancipation politique sera complété en 1581 avec l’Abjuration de La Haye qui ne dépose pas officiellement le roi d’Espagne comme souverain légitime des Pays-Bas mais stipule par une pirouette que « par ses exactions, celui-ci a volontairement abandonné les Pays-Bas ».
Le commerce, fer de lance de cette nouvelle entité politique, initialement centré sur le pourtour de la Baltique, va vite s’étendre aux « Indes orientales » (Insulinde) ou aux « Indes occidentales » (Amériques).
Là, certains marranes participent à la fondation de la « Compagnie hollandaise des Indes occidentales » et émigrèrent vers les toutes nouvelles colonies « américaines ».

En 1654, Jacob Barsimson fut le premier juif à émigrer depuis la Hollande vers New Amsterdam (rebaptisée ensuite New York). Au cours de la décennie qui suivit, il fut imité par beaucoup d’autres.
Ceux-ci s’établirent sur la côte Est et commencèrent à commercer avec les autochtone.
Le premier juif à y exercer le métier de commerçant fut un certain Hayman Levi, qui apportait de Hollande des armes blanches, de la verroterie, des tissus bon marché, des boucles d’oreille, des bracelets et autres ornements dits de pacotille.
Il les échangeait contre de précieuses fourrures. (Renards, castors, loups, etc.)
Nicholas Lowe et Joseph Simon prirent bientôt part à ce commerce fructueux.
Lowe eut alors l’idée diabolique de faire connaître le rhum aux « Indiens ».
Commerce qui s’avérera très fructueux mais aux conséquences dramatiques.

(…) Une première distillerie fut fondée à Newport, et rapidement la ville portuaire en comptera 22.

(…) Le port de Newport devint le centre névralgique américain du trafic d’esclaves avec l’Afrique.
L’histoire a retenu les noms des plus importants propriétaires de distilleries qui troquèrent ensuite l’alcool fabriqué contre des esclaves en Afrique, s’investissant dans la traite :

lsaac Gomez, Hayman Levy, Jacob Malhado Naphtaly Myers, David Hart, Joseph Jacobs, Moses Ben Franke, Moses Gomez, lsaac Dias, Benjamin Levy, David Jeshuvum, Jacob Pinto, Jacob Turk, Daniel Gomez, James Lucanan, Jan de Sweevts, Simeon Potter, lsaac Elizer, Jacob Ltod, Jacob Rodrigues, Haym Isaac, Carregal, Abraham Touro, Moses Hays, Moses Lopez, Judah Touro, Abraham Mendes, Abrabam All.

(…) La traite transatlantique s’est arrêtée entre 1860 (USA) et 1880 (Brésil) : les traiteurs ayant réalisé des fortunes colossales ont légué à leurs descendants leurs empires financiers issus de la traite, reconvertis dans l’immobilier et le commerce général par les générations suivantes. Ce sont ces familles qui, souvent, prirent les rênes des pays de la côte des esclaves à la période de l’indépendance ! Quant à la traite africaine intérieure, elle est toujours pratiquée.

(…) Le cas emblématique de Sylvanus Olympio, premier président du Togo.

Francisco Olympio da Silva est né à Rio de Janeiro le 24 juillet  1833.

Il partit pour faire la traite, à 17 ans, embarqué comme membre d’équipage d’un bateau négrier appartenant à Cerqueira Lima, marchand d’esclaves de Bahia.

Il débarqua à Adina, sur la côte de l’actuel Ghana, puis après un court séjour à Agorko et à Adafiénou, il s’est installé à Porto Seguro (nom portugais d’un comptoir de la ville d’Agbodrafo) en pays mina, au Togo.

Il se consacra alors au trafic d’esclaves où il amassa une véritable fortune, œuvrant pour le compte de João Gonçalves Baêta, marchand d’esclaves bahianais, qu’il investit dans des plantations à partir des années1860, comprenant que l’abolition allait toucher les deux Amériques et sonnerait la fin de la traite.

(Une trajectoire assez comparable  à celle de Felix de Souza au Dahomey cinquante ans avant.)

Son fils cadet, Epiphanio Olympio (1873-1968)  continuera la tradition paternelle et fut un très riche commerçant et planteur de cocoteraies.

Son épouse Fidélia Afe (1862-1967), appartenait à l’ethnie mamprusi de la région de Dapaong, au nord du Togo. Elle avait été razziée près de son village et vendue comme esclave à la famille Olympio.

Elle sera ensuite affranchie par Epiphanio  qui l’épousera.

Le couple s’installera à Kpando (alors dans le Togo occidental allemand qui est aujourd’hui rattaché au Ghana).
C’est là que naquit leur fils, Sylvanus, héritier de cette fortune issue de la traite, artisan de l’indépendance et premier président de la république du Togo, qui sera l’un des dix hommes les plus riches du pays, comme l’est encore son fils, Gilchrist, aujourd’hui.